« Venez à la lumière ». C’est le thème que l’association des Guides du Liban a choisi comme devise pour l’année 2022-2023.
Elles ont raison ces guides, car, en ce faisant, elles répondent à l’appel de Jésus qui les invitent, et invite tout le monde, à venir à la lumière.
C’est Lui la lumière du monde : « je suis la lumière du monde, dit-il, et celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière qui conduit à la vie » (Jn. 8, 12).
D’entrée de jeu, Jésus annonce la couleur : un combat acharné aura lieu entre la lumière et les ténèbres ; et ces dernières seront vaincues en fin de compte.
Le premier témoignage de cette victoire nous vient de Jean dans le prologue de son évangile : « La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point saisie » (Jn. 1, 5).
Quant aux hommes, « ils ont préféré l’obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, quiconque fait le mal hait la lumière et refuse de venir à la lumière de crainte que ses œuvres ne soient démasquées. Celui qui s’engage pour la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, car elles ont été accomplies en Dieu » (Jn. 19-21).
Le combat pour la lumière va de pair avec le combat pour la vérité et pour la vie ; et celui qui veut gagner, n’a qu’à suivre Jésus qui est « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn. 14, 6) ; il viendra alors à la lumière et aura la vie.
Le combat pour la lumière, comme celui pour la vérité et la vie, demande du courage pour affronter l’obscurité, le mensonge et l’hypocrisie.
Et combien ce combat est-il d’actualité pour les Libanais qui vivent dans des conditions catastrophiques. Et c’est là que l’Eglise, en suivant Jésus et à l’écoute de l’Esprit-Saint, appelle les fidèles à venir à la lumière et à mener le combat jusqu’au bout.
Je me souviens qu’à l’école scoute, on nous a appris à développer, entre autres, le don de l’observation. On nous enseignait comment observer la nature et guetter les étoiles, durant la garde de nuit, pour savoir admirer la créature et rendre gloire au Créateur ! On nous incitait à lever le regard vers le ciel, à l’exemple de nos saints ancêtres qui ont choisi de vivre leur spiritualité érémitique sur les collines des montagnes du Liban, un lieu stratégique où l’on se sent proche de Dieu et où on regarde toujours vers le haut, avec le Christ en croix, et on maintient une relation verticale et directe avec Dieu, tout en n’oubliant pas de regarder de loin le monde dont on s’est détaché.
Nos jeunes ont besoin, aujourd’hui, de regarder loin et vers le haut, pour confier à Dieu leurs rêves dont la réalisation est devenue presque impossible dans les circonstances actuelles de leur pays.
Le pape Saint Jean-Paul II, qui avait accompagné les Libanais dans leur calvaire, avait bien dit : « Il n’est sans doute pas de ténèbres plus épaisses que celles qui s’insinuent dans l’âme des jeunes lorsque de faux prophètes éteignent en eux la lumière de la foi, de l’espérance et de la charité ». Et il leur adressé son exhortation apostolique « Une Espérance nouvelle pour le Liban en 1997, il y a exactement 25 ans, pour les appeler à l’espérance, leur renouveler sa confiance et les envoyer, comme le Christ, dans le monde pour être des témoins de la foi, de l’espérance et du salut » (N° 125).
Le pape François leur redit, en 2020, sa proximité et les appelle à l’espérance : « Je pense aux nombreux jeunes à qui toute espérance d’un avenir meilleur est enlevée… N’abandonnez pas vos maisons et votre héritage ! Ne brisez pas le rêve de ceux qui ont cru en l’avenir d’un pays beau et prospère ». Et il a repris le slogan de Saint Jean-Paul II : « Le Liban représente plus qu’un Etat. Le Liban est un message de liberté et un exemple de pluralisme, aussi bien pour l’Orient que pour l’Occident ».
Mais nos jeunes ne se laissent pas abattre par les forces des ténèbres et ne perdent pas leur espérance en Celui qui ne les déçoit pas. « Car rien n’est impossible à Dieu » (Luc 1, 37) ; « et les paroles de Dieu s’accompliront en leur temps » (Luc 1, 20). Ils savent bien qu’ils sont « la lumière du monde », comme leur dit Jésus (Mt. 5, 14) ; et ils sont en même temps conscients de la responsabilité qui leur incombe en tant que témoins de Jésus Christ – seul Maître, seul Seigneur et seul Sauveur – et répètent pour eux-mêmes : malheur à nous si notre lumière s’éteint et notre vie s’enfouit dans les ténèbres ! Qui pourra alors éclairer notre monde géré par tant de mauvais prophètes ?
Notre rôle de pasteurs, d’aumôniers, de chefs et cheftaines est de redonner confiance aux jeunes dont nous avons pris la responsabilité d’éduquer, de les appeler à venir à la lumière et de les exhorter à témoigner de l’espérance qui les habite. Nous leur disons avec Isaïe : « Mets-toi debout, et deviens lumière ; car elle arrive, ta lumière. La gloire du Seigneur sur toi s’est levée. Voici qu’en effet les ténèbres couvrent la terre et un brouillard, les cités. Mais sur toi le Seigneur va se lever et sa gloire, sur toi, est en vue » (Is. 60, 1).
Et ils répondront : « Scouts toujours prêts ! Guides toujours prêtes ! Jeunes toujours prêts à se dévouer et à se donner sans attendre d’autre récompense que celle de savoir que nous faisons la sainte volonté de Dieu » !
Mgr Mounir Khairallah
Évêque Accompagnateur.